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Le Pouvoir des Oracles - Vision
La forêt. Une forêt verte, abondante, vivante, s'étendant à l'infini, incroyablement belle. Il la retrouvait enfin, cette forêt qui l'avait vu naître; il pouvait enfin y marcher, entendre les oiseaux siffler leurs chansons du matin au soir, sentir les effluves de la terre noire et fraiche... Après tant d'années, Kramin pouvait enfin y marcher, cette fois en paix. Mais une nostalgie lointaine, ainsi que d'innombrables secrets l'habitait. Un oiseau inconnu avait aussi chanté; un air appaisant, puis l'un si triste, que le jeune homme c'était demandé si ce n'était pas le dernier hymne du vollatile, maintenant rendu aux portes de la mort.
Puis le bois avait disparu, il était retombé dans la nuit, si sombre que même aucun sortillège n'avait pu l'éclairée. Ses arbres, la seule chose qu'il eut réellement jamais aimé sur ce monde, lui avait été enlevé. Encore une fois. Il avait beau se débattre, il avait tout perdu. À quoi bon continuer ainsi, à vivre misérablement, à n'exister que pour peiné... *** Tranquillement, Bipin séparra la coquille d'une de ses noix Gasha,et, à l'aide d'un couteau effilé, sortit la visqueuse et épaise sève jaune. Près de lui, son fils, Knil, lui tendit un bol, dans lequel il avait soigneusement broyé la dure carapace de la graine. De ses propres doigts, le jardinier mélangea le tout, de manière à obtenir une granuleuse solution. Il l'appliqua ensuite sur la plaie, qui commença à se refermer aussitôt, jusqu'à ne laisser comme trace qu'une fine ligne rosée. - Il devrait se réveiller bientôt, décretta Bipin, satisfait de son labeur. Pour l'instant, j'orais bien besoin d'un bon bol de soupe chaude... Mademoiselle ?! Il lança un regard farceur à son épouse, qui, en réponse, le toisa des yeux. - Le monsieur n'a qu'à se débrouiller... si la mademoiselle n'existe que pour servir, qu'il se contente lui-même... lança-t-elle malicieusement. Ne se faisant prier, l'horticulteur alla susurrer de quelconque mot doux à sa femme, l'enlaçant tendrement, avant de lui embrasser gentiment le cou. Vaincue, Blossom se dirigea vers la cuisinette, son mari sur les talons. Les yeux de Fanëru les suivit, puis se dirigèrent vers Kramin, avant de se relevés vers Knil, toujours assis sur le lit voisin. L'homme lui sourit chaleureusement, ses calmes pupilles brunes fixé dans les siennes. - Je suis rassuré qu'il n'y ait eu de complication, commença-t-il. Saurait été terrible s'il aurait fallu qu'il ne lui arrive plus grave encore. - Saurait été dommage, en effet... approuva la jeune femme d'un ton qu'elle voullait détaché. L'apprenti lui tendit une main robuste, aux paumes cailleuses. - Je suis Knil, confirma ce dernier, un léger sourire aux lèvres. - Fanëru. Elle n'avait pas envie de parler, pas même à cet homme, qui lui était pourtant agréable. Son interlocuteur sembla le remarquer, car ses traits témoignère d'une profonde sympathie. - Vous l'aimez ? La question fit sursauter Fanëru, dont les yeux avaient de nouveau glisser vers le blessé. Brusquement, son regard retourna se planter dans celui du jardinier, qui l'observait calmement. - Non! s'empressa-t-elle de répondre, bondissant de son siège. Non je ne l'aime pas ! Comment pourrais-je l'aimer alors que... - Mais vous le veillez, constata Knil, toujours aussi serein. Du coup, la jeune déesse se retrouva désarmés devant les propos véridiques que lui tenait l'autre. Elle tenta une réponse, qu'elle ravisa aussitôt, avant de fixer le sol de bois. Sur le matelas, Kramin commença à s'agiter, avant d'ouvrir, pour la première fois depuis le début de l'après-midi, un regard lucide. Lentement, il se releva à l'aide de ses avant-bras, avant de s'asseoir complètement. Aussitôt, Knil interpella les gens de la salle voisine, qui, à l'instant même, accoururent. La petite foule se pressait autour du lit, tant et si bien que Fanëru se retrouva complètement à part de ces réjouissances. Elle eut un petit sourire désolé, puis s'en fut par la porte, ayant prit au préalable une cape qui lui servirait de manteau. Sa sortie passa inaperçue chez la plupart; Din, par contre, avait vu l'allure de la jeune femme, et ressentait qu'elle était troublée. Elle fixa durant un moment la cloison refermée, une étrange déception lui brûlant la gorge, avant de se retourner vers ses compagnons, reprenant coeur à la fête. À l'extérieur, un vent glacé soufflait, tandis que, éclairés du disque lunaire, de cotonneux flocons commencèrent à descendre du ciel noir. À l'avant, l'on pouvait distinguer les contours d'un pont, et, un peu plus loin, ceux d'une grande tour. Lentement, Fanëru se dirigea vers le bâtiment, admirant sa majestueuse silhouette. Devant les doubles portes, elle s'arrêta, hésitante, puis reprit sa marche. À l'instant où elle mit un pied sur la dalle poussièreuse, un flash illumina la tour, et, étrangement, tout débris qui jonchait le sol se regroupèrent, les vitraux cassés se rassemblèrent, tandis qu'un matinal soleil éclairait la salle. Des domestiques, des gardes, peuplèrent l'endroit, accomplissant joyeusement leur tache quotidienne en papotant des derniers faits. En face, se dressait un large escalier de pierre blanche, menant au deuxième et troisième étages de la tour. D'un pas incertain, Fanëru en enclencha la monté, se dirigeant vers le dernier niveau. Elle arriva dans un couloir aux murs couverts d'une tapisserie bourgogne, agrémenté de différents tableaux représentant des figures importantes. Elle prit la direction de gauche, et entra dans la première pièce qu'elle y vu. La jeune fille déboucha dans une chambre spacieuse, d'un bleu tirant sur le blanc, éclairée par la porte fenêtre qui donnait sur un balcon. À la droite, se trouvait un lit à baldaquin, décoré de sphères argentées aux quatres coins. À son coté, se trouvait un petit berceau blanc, couvert d'un voilette diaphane, rattaché sur le dessus par une broche encore une fois argenté. À la gauche, une large commode de bois, ainsi qu'une penderie occupait l'espace. L'Oracle s'avança vers le centre de la pièce, lorsqu'elle s'arrêta net: une femme venait d'entrer dans la pièce, par une porte caché d'une tapisserie bleue foncée. Elle se dirigea vers le berceau, sa longue chevelure bleutée la suivant dans ses mouvements en ondulant comme la mer. Elle se pencha vers le petit lit, caressant du bout des doigts le petit qui s'y trouvait. À son tour, Fanëru s'approcha, avant de rester paralyser: l'enfant avait les mêmes yeux qu'elle, les même mèches bleues, le même sourrire... Un vertige la prit lorsqu'elle comprit enfin; si le bambin n'était nul autre qu'elle, la femme en question devait par conséquent être Nayru, sa mère... Celle qui avait préféré mourrir et confier ses pouvoirs à son enfant, assurant ainsi la sécurité de tous, plutôt que de sauver sa vie... La douce plénitude qui emplissait les lieux éclatta soudainement, tandis qu'un cri terrifiant brisait le silence. À ce moment là, Fanëru vit Nayru sortir une boite d'une des sphères du lit, appelez un grand oiseau au plumage de neige, lui confier sa fille... Elle s'exécutait rapidement, sachant qu'il en résultait du sort de plusieurs. Et à maints fois, Fanëru tenta de lui parler, tendit les doigts dans l'espoir fou de sentir l'étoffe de la robe, simplement rentrer en contact avec cette mère qu'elle n'avait jamais connu, qu'elle ne pouvait que voir... En échouant lamentablement, le coeur serré de désolation devant son échec. Elle ne pu pas même intervnir lorsqu'un immonde corps décomposé fit son entré dans la chambre, menaçant de toute sa grandeur la svelte silhouette bleue. Et Fanëru avait peur. Peur de la suite qu'elle devinait trop bien... Elle en était là dans ses pensées, lorsqu'un homme fit intrusion à son tour dans la pièce. Un peu plus grand que Nayru, ses yeux verts trahissaient la crainte qui le hantait, malgré son apparence calme. Sous les mèches rouges à demi cachées par un bonnet bleu, l'on pouvait apercevoir son visage déterminé, fixant l'intru qui menaçait la jeune femme d'un regard malicieux. Sans entendre les paroles échangées, Fanëru pouvait comprendre la colère que soufflait l'arrivant au monstre. D'un simple geste de la main, ce dernier envoya l'individu à l'extérieur, tandis que Nayru courrait le rejoindre, les larmes aux yeux. Puis, constatant la mort de l'homme, elle se releva et fixa de son regard noyé de larme l'immonde créature qui se dressait devant elle. D'une magie puissante et dévastatrice, le démon commença à attaquer rageusement la femme, qui ne faisait que s'entourer d'une mince couche bleuté, sans détermination, lasse de cette existance si futile. Fanëru tentait désespérément d'éveiller la volonté de Nayru, lançant des encouragements qu'elle savait inutiles. Finalement, à la quatrième attaque, la jeune femme s'effondra mollement au sol, vaincu. La sombre entité s'avança alors, jeta un regard moqueur à sa victime, puis commença à lui soutirer ses pouvoirs. Cependant, au lieu de l'immense magie qu'il espèrait, seul un léger fillament de brume s'éleva. Un cri de rage s'échapa de sa gorge, avant de se transformer en ricanement machiavélique, pendant que le mince tissus ombrageux l'entourait de ses bras vaporeux. Les os se recouvrirent, les muscles se reformèrent, la peau réaparu... le visage se redessina, et, avec horreur, Fanëru pu voir l'identité du corps déambulant... Ganondorf, le roi des Gerudos, le traître d'Hyrule, avait tuer ses parents... dans une colère incontrolable, l'Oracle se jeta sur le Seigneur du Malin, qui disparu tout simplement, comme la lumière du matin, comme le berceau... Lourdement, Fanëru retomba au sol, faisant se soulever un nuage de poussière, qui ne tarda pas à retomber. Suffocante, en larme, misérablement agenouillée au milieu d'une pièce sombre, la jeune femme pleurait. Pleurait sur la vision qu'elle avait eu, pleurait sur le malheur qui advenait, pleurai sur sa pauvre existence... Et, dans le silence de la tour, seul les bruits des sanglots d'une orpheline résonnait, accompagné du sifflement du vent glacé de l'hiver qui s'engouffrait par la fenêtre... |
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