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19698232 visiteurs sont passés depuis le 21/08/2000.

Le Pouvoir des Oracles - Lune & Neige

Pensivement appuyé sur le cadrage de la fenêtre, Kramin observait la nuit, parsemée des volatiles poudreux qu'étaient la neige, qui se reflétaient parmis les rayons froid de la lune pleine. Il observait l'extérieur, comme si les épais flocons lui avait voler une partie de lui même durant son sommeil... Une partie que jusqu'alors était endormie au plus profond de lui-même, mais qui ne tarderait pas à resurgir...

- Vous vous sentez bien ?

Brusquement, le sorcier se retourna, surpris de se retrouver face à un homme un peu plus petit que lui, qui lui avait été présenter auparavent comme étant le fils du jardinier qui l'avait sauver. Sauver... il n'aimait pas ce mot, il lui semblait synonime de faiblesse, de vulnérabilité...

- Partaitement, pourquoi cette question ?
- Parce que vous m'avez l'air songeur, répondit Knil. Ceci dit, après ce qui vous est arriver... Belle soirée n'est-ce pas ?

Le jeune sorcier lui répondit d'un signe de la tête, se détournant à nouveau vers la fenêtre. Cet homme lui soufflait une profonde aversion, sans qu'il ne sache pourquoi.

- Quoiqu'un peu frisquet... continua l'aprenti. Surtout pour se promener.
- Qui serait assez fou pour sortir par un temps pareil ?
- La rousse m'a appris qu'une d'entre vous était aller tenter l'exploit, pourtant. Et je peux vous assurez qu'elle est parfaitement lucide.
- Heureux pour elle, répliqua sèchement le magicien.

Il avait répondu avec une telle hostilité, qu'il en fu lui-même étonné. Knil le fixa quelques instants, dévisageant le regard sombre de l'autre.

- Contrairement à elle, continua l'horthiculteur. Elle vous à veiller durant votre sommeil
- Qui était-ce ?

Kramin était à un tel point intriguer par l'identité de l'anonyme personne, qu'il observait d'un regard méfiant Knil.

- Son nom m'échappe... c'était un nom que j'avais déjà entendu au paravent par contre, j'en suis sure... Quoi qu'il en soit, elle avait une longue natte bleue, et une tunique...
- Fanëru ?!?

Incrédule, le jeune homme scruta le visage de Knil, à la recherche du rictus qui l'aurait rassuré, qui lui aurait confirmer que tout ceci n'était qu'une plaisanterie...Mais les traits de l'homme restaient impassibles, sans la moindre once d'amusement visible.

- Sortez la rejoindre, mon ami. Elle vous cherche, et vous aussi vous la chercher. Il ne vous suffisait que de vous en rendre compte.

Puis Knil disposa de la présence du sorcier, pour se rendre à la chaleureuse salle d'à côté. Quelques instants encore, Kramin hésita, avant de s'armer de son sceptre et de franchir la porte. Du coin de l'oeil, le jardinier suivit les mouvements du magicien, un léger sourire aux lèvres, avant de se détourner vers le joyeux groupe.

Une bourrasque poudreuse vint lui souffler à la figure, comme pour souhaiter la bienvenue au jeune homme. D'un geste de la main, Kramin délogea les flocons qui s'étaient agrippés aux mèches noirs, avant de jeter un regard inquisitateur aux alentours. Il ne devinait que les faibles contours d'une forêt à sa droite, quelques arbres dispercés devant lui, un pont dont l'eau réflétait la lueur de la lune... Et du noir. Personne n'aurait pu sortir de plein gré par un telle température. En ce moment même, Fanëru devait surement être bien au chaud, dans la cuisine, se riant de lui... Furieux, il s'aprétait à rebrousser chemin, lorsqu'il perçu, dans la pénombre, un léger mouvement. Prestement, il pivota sur lui-même, son sceptre tendu vers l'avant. Silencieusement, Kramin s'avança près d'un des arbres, se camoufflant ainsi dans la silhouette sinueuse du tronc, à l'abri d'une éventuelle attaque et le champ libre pour une offensive aisée. Encore une fois, l'ombre eu un léger soubresaut, maintenant rendu sur le pont qui franchissait la petite rivière. D'un oeil avertit, il observa durant quelque instants l'inconnu nocturne, dans l'espoir de mettre d'y visage, maudissant en silence le nuage qui venait de cacher par son corps vaporeux la lumière de la lune. D'un mouvement rageur de la main, le jeune sorcier le fit s'écarter, avant de replonger dans l'observation de l'étranger. Et cette fois, il pu appercevoir l'identité de ce dernier, stupéfait presque malgré lui.

Fanëru... Fanëru, qui, en effet, se tenait sur le pont, secoué par moment, comme si elle sursautait. Ainsi donc, si elle se trouvait ici, c'est que Knil n'avait rien inventé, tout à l'heure...

Lentement, Kramin sortit de sa cachette, et se posta à l'entrée du pont, le regard fixé sur la jeune femme. À ce moment, le vent porta le son d'un sanglot, un sanglot que seul un être accablé d'un quelconque malheur pouvait bien porter. Il devina aussitôt que cette personne ne pouvait être nul autre que Fanëru...

Mal à l'aise, il resta là, à regarder la triste ombre, se ridiculisant intérieurement. Et Kramin avait honte. Honte de lui. Honte de tout le mal, toute les sournoises réactions qu'il avait eu à l'encontre de Fanëru, la jugeant sans doute insensible...

Il se surprit lui-même à penser avec une telle humanité au sort d'une femme que, quelques jours auparavant, il aurait voulu voir aussi désespérée. Il fit demi-tour, se sachant inutile.

Le sorcier avait à peine tourner le dos, qu'il entendit une voix se faufiler à travers le sifflement incessant du vent, presque inaudible.

- Vous n'avez pas à vous en aller...

Kramin pivota lentement sur lui-même, pour retrouver son interlocuteur, qu'il ne devinait que trop bien.

Dans la lumière crue de la lune ronde, il pouvait voir que Fanëru avait garder son regard sur l'eau qui s'écoulait, mais à présent, elle ne sursautait plus aussi fort, et semblait pouvoir à nouveau se contrôler.

Le jeune homme fit quelques pas en sa direction, l'observant avec une attention renouvelée.

- Dans le cas contraire, pourquoi resterais-je ici? demanda Kramin.

Un court moment, Fanëru avait relevé la tête, laissant le vent froid lui licher le visage, cherchant les forces nécessaires pour continuer, puis avait fermé les yeux.

- Vous le savez, cessez de le nier.

Maintenant au pied de la solide passerelle de bois, le magicien gardait le silence, tout comme la jeune déesse.

Celle-ci avait ouvert les yeux et les portaient sur Kramin, détaillant l'ombre. Elle ne pouvait distinguer que la sombre tignasse ainsi que la vieille cape qui lui recouvrait les épaules. Le reste s'éteignait dans la nuit, froid, invisible. Malgré elle, à cette simple vue, elle sentait quelque chose en elle s'embraser, illuminant les recoins sombres de sa conscience.

- Parlez, commença Kramin. Dites-moi ce que je ferais ici.
- Vous ne feriez que ce qui vous a donne depuis des semaines, à chaque fois. Vous moquer de moi...

Elle parlait avec un étrange trémolo, comme si elle allait éclater de rire ou pleurer.

- ... mais cette fois... cette fois, vous avez l'occasion d'achever ce que vous avez débuter.

Pendant ces tristes paroles, le sorcier c'était encore approcher, à présent aux cotés de Fanëru. Sentant sa présence, la jeune femme prit une profonde inspiration, avant de continuer.

- Qu'attendez-vous ? Me voir vous suppliez pour vous sentir valoriser à mon endroit ? De me voir me trainer à vos pieds comme un chien ? Je...

À ce moment, sa voix se cassa, et Fanëru fut à nouveau agitée de violent soubresauts, de douloureux sanglots éttoufés montant d'elle.

Et Kramin l'observait, ne pouvant reconnaître dans cette créature coupée par la peine la fière Fanëru, qui lui avait été présentée. Il ne savait que dire, les phrases qu'il formulait lui semblant d'un piètre réconfort dans pareil situation. Et ses geste... il en avait peur. Il avait pleur de trahir ce qu'on lui avait confier, les espérences que l'on avait fait envers lui... Mais surtout, la peur de se trahir lui-même... Celle de ne plus être celui qu'il avait décider d'être, de ne plus pouvoir...

- Vous n'aurez jamais à vous trainer de la sorte devant moi, fit-il. C'est moi qui devrait vous implorer ainsi. Je... enfin...

Il trouvait difficile d'admettre une telle vérité, même s'il l'avait toujours su au fond de lui qu'un jour, il devrait l'exposer.

- Vous êtes une Déesse, vos ancêtres ont créer cette terre. Je vous dois serment d'allégence.
- Une Déesse... la Déesse la plus honteuse de cette lignée, marmonna-t-elle entre ses dents. Je suis indigne de l'honneur qui m'a été donné. Ma mère, Nayru, est morte par ma faute... Si elle aurait garder ses dons... Et elle a préféré...

Fanëru s'arreta là, se rendant compte de l'erreur qu'elle commettait. En s'humiliant de cette façon devant cette homme, elle se grugeait l'âme, l'émiettait, la mettait à découvert, sans défense... Mais ne l'était-elle pas déjà ?

- Détruisez moi, Kramin. Je vous le demande le plus humblement que je le peux encore. Je vous en pris, détruisez-moi...
- Non.

Surprise, la jeune femme tenta de découvrir la mesquinerie prochaine dont elle serait affublée. Peine perdu. Cependant, au point où elle était rendu... La honte qu'elle avait d'elle...

- Pourquoi ? questionna-t-elle faiblement.

En silence, le sorcier observa l'Oracle, pesant le pour et le contre de ses futures paroles, les réactions possibles... Enfin, il lança avec un sérieux étonnant :

- Ce serait me détruire moi-même.

Ces cinq mots, si simple pourtant, vinrent s'ancrer au coeur de Fanëru. Elle observait Kramin, sa conscience lui soufflant que tout ceci était impossible, même dans le meilleur des mondes... Désemparée, elle fixait des yeux le sorcier, qui, pour la première fois depuis le début du périple qu'il avait rejoint, vu la couleur des pupilles de la Déesse. Ils étaient verts. Un vert chatoyant, vivant, vert comme l'était la forêt... Sa forêt...

Ébranlé, il comprenait enfin tout ce qui lui avait obscurcit l'esprit pendant si longtemps. Agité d'une immense émotion, il prit, impulsivement, la main droite de Fanëru,, la posa sur son torse, à l'endroit où il avait été blessé, légèrement plus haut que le coeur.

Troublée, Fanëru mena son regard vers sa main, retenu par celle de Kramin, puis leva les yeux vers le visage du magicien. Du coup, elle avait comprit. Il lui offrait sa vulnérabilité. Il lui donnait la possibilité de le blessé autant physiquement, que plus profondément, là où même les remèdes ne pouvaient servir.

À son tour, elle prit la large et robuste main, et, légèrement tremblante, Fanëru la déposa au même endroit.

Le souffle court, mais confiante, elle leva le visage vers le sorcier, ne ressentant plus le froid. Seulement une douce et chaude plénitude lui parcourant le corps. Doucement, Kramin pencha la tête vers l'avant, puis, hésitant quelques instants encore, posa ses lèvres sur les siennes.

Le froid n'existait plus. Il ne restait de tout l'univers qu'eux et un million de flocons virevoltant en tout sens.

Il n'y avait plus qu'une silhouette étroitement enlacées, baignée de lune et d'hiver, dans la nuit.

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